L’IMPACT DES RESEAUX SOCIAUX SUR LA JEUNESSE IVOIRIENNE

Entre Opportunités et Défis

Dans cette interview, Polus Agathon, spécialiste en communication digitale et Formateur certifié Meta, partage son point de vue sur l’impact des réseaux sociaux sur la jeunesse en Côte d’Ivoire. Les réseaux sociaux jouent un rôle crucial dans le quotidien de la population ivoirienne majoritairement jeune. Polus aborde les aspects positifs et négatifs de cette influence, ainsi que les initiatives gouvernementales et les futurs développements dans l’interaction entre les réseaux sociaux et les jeunes.

Les Aspects Positifs et les Défis des Réseaux Sociaux pour la Jeunesse Ivoirienne

Polus, pouvez-vous nous expliquer comment vous percevez l’impact général des réseaux sociaux sur la jeunesse en Côte d’Ivoire ?

Déjà en terme de statistiques, on sait que plus de 75% de la population ivoirienne est jeune. Aussi le dernier rapport combiné de WeAreSocial et Meltwater, révèle-t-il que la part de la population ivoirienne jeune utilisant les réseaux sociaux est estimée à 45,5%. Ce qui veut dire que les jeunes sont des acteurs majeurs en termes de réseaux sociaux. Il n’y qu’à voir le simple réseau TikTok pour s’en faire une idée.

Pour les jeunes, ce sont des canaux pour s’exprimer, partager leurs idées et se connecter avec le monde. Ces plateformes ont donc en effet un impact considérable sur la jeunesse ivoirienne. Mais c’est des outils à double revers, avec des effets positifs mais également des défis à relever. On a presque parfois tendance à croire que l’impact est beaucoup plus négatif sur eux. Mais il faut admettre qu’on ne peut vraiment pas mettre tout le monde dans le même lot.

Quels sont, selon vous, les aspects positifs de l’utilisation des réseaux sociaux par les jeunes ivoiriens, notamment en termes d’éducation, de sensibilisation et d’engagement civique ?

Il y a plusieurs types de réseaux sociaux. Donc globalement, ils ouvrent de nouvelles perspectives en matière de communication, d’accès à l’information, de socialisation mais également un rôle crucial dans l’éducation et la sensibilisation. Les jeunes ont accès à une mine d’informations éducatives et peuvent participer à des discussions sur des sujets civiques. De plus, ces plateformes permettent de mobiliser rapidement autour de causes sociales et de promouvoir l’engagement civique.

Elles offrent également des opportunités de réseautage professionnel et d’apprentissage informel, si on prend par exemple le réseau social professionnel Linkedin, qui en plus des opportunités classiques, intègre depuis plusieurs mois maintenant un volet formation. Quand on prend aussi Youtube qui est un réseau social axé sur la vidéo, on peut notamment se former, apprendre de nouvelles choses.

À l’inverse, quels sont les principaux défis et risques liés à l’utilisation intensive des réseaux sociaux par la jeunesse en Côte d’Ivoire ?

L’utilisation intensive des réseaux sociaux présente plusieurs défis. La désinformation qui, je pense a connu une croissance considérable ces dernières années d’où le développement des plateformes de Fake news pour aider à la vérification des faits. On a aussi le cyberharcèlement et l’addiction numérique qui sont des problèmes majeurs. Dans ce sens, je me réjouis notamment que des plateformes tels que Meta et Google sont maintenant dotés de dispositif pour aider les utilisateurs à lutter contre l’addiction numérique, avec notamment un rappel du temps passé sur une application et des notifications invitant à décrocher un petit moment.

L’exposition à des contenus inappropriés ou violents peut également avoir des effets néfastes sur le développement psychologique des jeunes. Il est donc essentiel de promouvoir une utilisation responsable et de sensibiliser aux risques potentiels.

Comment les réseaux sociaux influencent-ils les comportements et les aspirations des jeunes en Côte d’Ivoire, en particulier en matière de mode de vie, de consommation et de culture ?

Les réseaux sociaux façonnent d’une certaine manière les tendances en matière de mode, de musique et de style de vie. Les jeunes sont souvent exposés à des modèles de réussite et à des modes de consommation qui peuvent influencer leurs choix et leurs aspirations. Je fais allusion aux artistes, influenceurs, créateurs de contenus… Cependant, cela peut également créer des attentes irréalistes et une pression sociale, rendre envieux…

C’est pourquoi nous autre, en tant que devanciers, avons le devoir d’aiguiller un peu nos cadets, en faisant attention aux contenus que nous postons.

L’Engagement du Gouvernement Ivoirien et les Perspectives Futures des Réseaux Sociaux

En tant que Responsable Communication Digitale au Cabinet du Premier Ministre, comment le gouvernement ivoirien utilise-t-il les réseaux sociaux pour communiquer avec les jeunes et les engager dans des initiatives nationales ?

Je pense qu’on le voit tous, le gouvernement ivoirien a intensifié sa présence, non seulement sur les réseaux sociaux, mais également sur l’ensemble des plateformes digitales afin de porter le message de l’action gouvernementale, auprès de tous, mais également des jeunes qui sont la relève. Il y a tellement d’opportunités disponibles pour les jeunes qui sont mises en avant sur les réseaux sociaux gouvernementaux, pour communiquer avec eux et les impliquer dans les initiatives nationales, c’est le cas de la diffusion des informations sur les programmes et les opportunités disponibles, pour lesquels nous encourageons la participation des jeunes. Il faut retenir que les réseaux sociaux sont un outil puissant pour renforcer le dialogue entre le gouvernement et la jeunesse.

Dans votre rôle à la RTI Digital, comment gérez-vous le contenu destiné aux jeunes sur les plateformes numériques et télévisuelles pour qu’il soit à la fois attractif et éducatif ?

À RTI Digital, où j’étais avant mes fonctions actuelles, nous mettions un point d’honneur à créer du contenu qui soit à la fois attrayant mais également éducatif pour les jeunes. Dans ce sens, nous avons surfé sur des formats innovants et interactifs qu’ils aiment et à travers l’exploration des données statistiques, qu’ils s’agissent des réseaux sociaux ou toutes les autres plateformes numériques, on pouvait peaufiner nos actions. L’objectif a toujours été de captiver l’attention des jeunes tout en leur fournissant des informations utiles et éducatives.

Quelle est l’importance de la régulation et de la modération du contenu sur les réseaux sociaux en Côte d’Ivoire pour protéger la jeunesse des contenus nuisibles ou inappropriés
?

La régulation et la modération des contenus sur les réseaux sociaux sont essentielles pour protéger la jeunesse. Il est crucial de mettre en place des mécanismes pour détecter et supprimer les contenus nuisibles, tels que les discours haineux, la désinformation et les contenus explicites. La collaboration entre les plateformes de réseaux sociaux, le gouvernement et les organisations de la société civile est un moyen de parvenir à un environnement en ligne sûr et sain. On a l’ARTCI qui fait un travail formidable dans ce sens, et en avril 2024, notre pays a même eu la chance de rassembler les régulateurs d’Afrique francophone à Abidjan pour définir des règles communes sur l’information en ligne.

Quelles initiatives ou programmes spécifiques ont été mis en place par le gouvernement ou par la RTI Digital pour sensibiliser les jeunes aux bonnes pratiques sur les réseaux sociaux et les aider à développer une utilisation responsable et bénéfique de ces plateformes ?

A la RTI, par exemple, il y avait des lucarnes numériques dans certaines émissions, au cours desquelles les bonnes pratiques sur le numérique étaient véhiculées, aussi bien à la Télé et à la radio. Des extraits percutants étaient ensuite traitées pour une seconde vie sur le digital.


Je ne pense pas être le mieux placé pour mettre en avant les initiatives du gouvernement dans ce sens, mais je peux citer le cas de la campagne « En ligne tous responsables » qui fait de notre belle Côte d’Ivoire pionnière de l’ère numérique responsable en Afrique de l’Ouest avec plusieurs initiatives pour sensibiliser aux bonnes pratiques sur les réseaux sociaux. Les exemples sont légions.

Selon vous, quels seront les développements futurs dans l’interaction entre les réseaux sociaux et la jeunesse en Côte d’Ivoire, et comment les institutions devraient-elles se préparer à ces évolutions ?

Les réseaux sociaux continueront d’évoluer et d’influencer la jeunesse de manière croissante, surtout en cette ère ou l’intelligence artificielle gagne du terrain. Il faut s’y préparer en faisant de la veille, dans l’optique d’anticiper ces changements. Il est également important de continuer à promouvoir l’innovation et d’encourager les jeunes à utiliser les réseaux sociaux de manière créative et responsable.

Enfin, quels conseils donneriez-vous aux jeunes ivoiriens pour maximiser les avantages des réseaux sociaux tout en minimisant les risques associés ?

Aux jeunes ivoiriens, je conseillerais d’utiliser les réseaux sociaux de manière consciente et responsable. Il est important de vérifier les sources d’information, de protéger sa vie privée et de ne pas se laisser influencer par les apparences. Utilisons ces plateformes pour apprendre, nous connecter et nous engager positivement dans la société. Soyez critiques, mais aussi ouverts aux opportunités qu’offrent les réseaux sociaux.

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