Deep Tech Summit 2025: L’Afrique trace sa voie avec l’IA
C’est sur le campus de l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P) que s’est ouverte la deuxième édition du Deep Tech Summit (DTS), ce jeudi. L’événement a démarré avec une vision forte : placer l’intelligence artificielle (IA) au cœur des transformations technologiques de l’Afrique.
Avec 66 sessions thématiques, plus de 980 startups et des participants venus de 53 pays, le sommet s’annonce comme une étape décisive. « Ce n’est pas juste un forum, c’est une déclaration d’intention », a lancé Hicham Habti, président de l’UM6P. Pour lui, la deep tech n’est pas une mode passagère, mais une innovation au service des défis les plus urgents de notre monde.
Une édition qui prend de l’ampleur
Le thème de cette année – « Redéfinir le progrès : Comment l’intelligence artificielle transforme l’innovation DeepTech » – donne le ton. De 2 000 participants en 2024, le DTS passe à plus de 7 000 inscrits en 2025, dont 55 % venus de l’étranger. Ce bond spectaculaire confirme l’importance grandissante de l’UM6P comme hub d’innovation, de recherche et de diplomatie scientifique sur le continent.
Pour Yassine Laghzioui, directeur général de UM6P Ventures, le sommet ne célèbre pas seulement la technologie. Il pousse aussi à réfléchir : « Le progrès, n’est-ce pas avant tout revaloriser la dignité humaine ? Améliorer les conditions de vie ? » Selon lui, l’IA ne doit pas imposer sa vision du progrès. C’est à nous – avec nos valeurs, nos aspirations – de définir où aller.
Il va plus loin en qualifiant l’IA d’« innovation de l’innovation », capable de bouleverser les règles du jeu. Pour l’Afrique, cela peut marquer un tournant historique : un saut technologique possible en s’appuyant sur ses propres données, talents et ambitions.
Une plateforme pour concrétiser les idées

Depuis 2020, l’UM6P a misé sur l’entrepreneuriat comme moteur de changement. En 2024, plus de 2 000 porteurs de projets y ont été soutenus, et les 40 meilleures startups ont levé plus de 60 millions de dollars.
« Le talent a besoin d’écosystèmes, la vision a besoin de plateformes », a rappelé Hicham Habti. Le sommet en est un bel exemple, tout comme la création du DTS Prize, une récompense pour les startups qui utilisent la technologie pour répondre à des enjeux clés comme la santé ou l’énergie durable.
Durant deux jours, les participants vont explorer comment l’IA transforme de nombreux secteurs : agriculture, santé, cybersécurité, éducation, et même le calcul quantique. Cette dernière technologie, encore émergente, pourrait jouer un rôle crucial pour l’Afrique en matière de souveraineté numérique et de valorisation de ses ressources.
Pour Habti, l’IA n’est plus un simple outil. C’est une technologie à « usage général » qui redessine l’industrie, les chaînes de valeur, et même les biens publics. Elle implique donc une grande responsabilité collective.
Une dynamique collective tournée vers l’avenir
Ce qui ressort de cette édition du DTS, c’est l’élan collectif. Une volonté de lier science, industrie et société pour avoir un réel impact. « L’Afrique n’attend plus. Elle est prête à prendre les devants », a affirmé Hicham Habti.
Et pour Yassine Laghzioui, cela demande une mobilisation de tous : institutions, talents locaux et diaspora. Car si l’IA peut être un levier pour positionner l’Afrique sur la scène mondiale, c’est la vision commune qui en fera une réussite durable.
Le message du Deep Tech Summit 2025 est limpide : l’Afrique ne doit pas courir après les autres. Elle doit tracer sa propre route, avec audace et intelligence.
