AUTONOMISATION DES JEUNES EN AFRIQUE

« Il faut des institutions comme la Fondation pour apporter leur soutien » Olga Marie Flore DJADJI, présidente de la Fondation BJKD

L’autonomisation des jeunes en Afrique est un défi crucial, auquel les institutions doivent répondre de manière proactive. En cette période d’Octobre Rose, où la sensibilisation à la lutte contre le cancer du sein est au premier plan, il est pertinent de réfléchir à la manière dont les institutions peuvent jouer un rôle encore plus vaste dans le bien-être global des jeunes Africains, en intégrant des initiatives de santé et de développement personnel à leurs programmes d’autonomisation. Olga Marie Flore DJADJI, Présidente de la Fondation Bénédicte Janine Kacou Diagou (BJKD), nous offre un exemple concret de cet engagement.

Pourquoi est-il essentiel que les institutions africaines s’engagent activement dans l’autonomisation des jeunes, et comment la Fondation BJKD incarne-t-elle cet engagement ?

Merci encore pour cette interview, qui témoigne de l’intérêt que vous portez à la Fondation. Pour répondre à votre question, il est essentiel que les institutions africaines s’investissent activement dans l’autonomisation des jeunes pour plusieurs raisons. D’abord, la population africaine est majoritairement jeune, et un État qui aspire à un développement durable et inclusif doit impérativement accompagner cette jeunesse. Cela passe d’abord par la formation, en fournissant les outils nécessaires et en soutenant la création d’entreprises, car entreprendre nécessite avant tout une bonne formation.

Aujourd’hui, le véritable défi est l’employabilité, avec un taux de chômage en constante augmentation. Pour pallier ce problème, il est crucial d’orienter les jeunes vers l’entrepreneuriat afin qu’ils puissent eux-mêmes créer des emplois. C’est dans cette optique que la Fondation BJKD s’engage pour compléter l’action du gouvernement, car ce dernier ne peut pas tout accomplir seul. Il faut des institutions comme la Fondation pour apporter leur soutien.

Cependant, l’entrepreneuriat n’est pas chose facile, en particulier parce que les jeunes manquent souvent de moyens financiers. On peut leur offrir une formation, mais sans accompagnement financier pour démarrer et maintenir leurs activités, beaucoup d’entreprises échouent dans les cinq premières années. Pour qu’une entreprise soit véritablement productive, elle a besoin de 1 à 5 ans d’activité. Par ailleurs, l’accès au crédit reste un obstacle majeur.

Il est donc indispensable de créer des institutions solides et de développer une volonté collective pour soutenir les jeunes entrepreneurs. C’est précisément la mission que la Fondation BJKD s’est donnée depuis sa création en 2018 : accompagner ces jeunes, tant sur le plan financier que technique, dans leur parcours entrepreneurial.

Quels sont les principaux défis auxquels les jeunes Africains sont confrontés aujourd’hui en matière d’éducation, d’emploi et de santé, et comment les institutions peuvent-elles y répondre ?

Comme je l’ai mentionné précédemment, le chômage constitue un véritable problème, aggravé par le fait que les formations dispensées ne correspondent pas toujours aux emplois disponibles. Nous vivons dans un monde en constante évolution, et aujourd’hui, de nombreux jeunes, une fois sortis de l’école, peinent à trouver une orientation professionnelle adéquate. À mon avis, cela représente un défi de taille qu’il faut absolument surmonter.

C’est ici qu’interviennent les institutions et les organisations fortes. Si celles-ci jouent pleinement leur rôle, elles peuvent non seulement aider ces jeunes à relever ce défi, mais également contribuer de manière significative au développement économique, à l’industrialisation, et à d’autres secteurs clés.

Pouvez-vous partager des exemples de projets réussis, soutenus par la Fondation BJKD, qui ont contribué à l’autonomisation des jeunes en Côte d’Ivoire et en Afrique subsaharienne ?

Il y en a tellement ! Depuis sa création, la Fondation s’est engagée auprès des jeunes, comme je l’ai mentionné. Parmi les nombreux projets soutenus, je peux citer Green Country en 2018, une structure spécialisée dans l’agroalimentaire, l’écologie et le jardinage. Cette entreprise a bénéficié d’un financement et d’un appui technique de la Fondation, ce qui lui a permis aujourd’hui d’employer plus de 500 personnes et de réaliser un chiffre d’affaires de 500 millions de FCFA.

Nous avons également Naïmadolls, qui fabrique des poupées africaines et dont les produits sont aujourd’hui vendus dans de grandes enseignes à Paris, en France. L’entreprise comptait à ses débuts 10 employés, et aujourd’hui elle en compte 27, avec un chiffre d’affaires atteignant également 500 millions de FCFA.

Comme la Fondation s’étend au-delà des frontières de la Côte d’Ivoire, nous avons aussi accompagné des entreprises telles que Fenou Packaging et Mandabio, qui ont pu bénéficier de notre soutien. Elles sont désormais de grandes entreprises. Pour moi, ce sont de véritables champions nationaux et continentaux. Et ce type de champions, nous en avons accompagné plus de cinq au Bénin, deux au Cameroun et un au Tchad. Nous avons ainsi atteint toute la zone subsaharienne.

Comment des initiatives comme Octobre Rose peuvent-elles être intégrées aux programmes d’autonomisation des jeunes pour sensibiliser à la santé tout en les éduquant sur l’importance du bien-être global ?

Une jeunesse en meilleure santé est un atout considérable pour de nombreux aspects de la société. Il est donc essentiel de sensibiliser aux risques des maladies et d’informer les populations. En effet, dans une entreprise, surtout une jeune structure, des cas de maladie peuvent constituer un véritable frein à son développement. C’est pourquoi, l’année dernière, la Fondation BJKD a soutenu une structure de jeunes femmes engagées dans la lutte et la sensibilisation contre le cancer, en initiant des campagnes de dépistage gratuit grâce à notre appui financier.

Pour nous, soutenir ce genre d’actions est fondamental, car cela contribue à la réduction du taux de cancer. Ainsi, à notre manière, nous essayons d’accompagner ces belles initiatives et de jouer un rôle actif dans la promotion de la santé auprès de la jeunesse.

Quels sont les efforts déployés par la Fondation BJKD pour améliorer l’accès à une éducation de qualité et à la formation professionnelle pour les jeunes ?

À ce stade, nous pouvons modestement affirmer que nous sommes fiers des efforts accomplis, notamment dans le domaine de l’éducation. Cependant, il est clair que nous ne pouvons pas tout faire. Il existe encore des régions où les infrastructures manquent cruellement, mais nous essayons, à notre échelle, de prendre des initiatives concrètes. C’est ce que nous avons fait à Assinie, à l’EPP Sagbadou 1, où la Fondation a entièrement financé la construction d’une cantine. Nous avons également réalisé les gros œuvres d’une bibliothèque, et une autre structure a pris le relais pour terminer les travaux.

De plus, nous avons ouvert la bibliothèque de la Fondation ici même, à notre siège, grâce à des livres offerts par des écrivains. À Vavoua, nous avons rénové des salles de classe. À Dangha, un quartier huppé où une école avait des salles en mauvais état, nous avons construit une cantine, fourni des tables-bancs et bâti des latrines, parmi d’autres actions.

Toutefois, selon moi, ces réalisations restent insuffisantes. Mais avec des partenaires de plus en plus nombreux, nous espérons pouvoir multiplier ce type d’initiatives, car cela représente l’une de nos principales priorités.

Comment les institutions comme la Fondation BJKD encouragent-elles et soutiennent-elles les jeunes entrepreneurs en Afrique ?

Nous accomplissons ce travail avec succès.

Vous le savez, une fondation ne peut agir seule. La Fondation BJKD a été créée par Madame Diagou, directrice du groupe NSIA. Cependant, si nous sommes aujourd’hui aussi présents et réalisons de si belles missions, c’est en grande partie grâce à des partenaires de plus en plus influents, tels que la BRVM, la CIE, et d’autres entreprises partageant notre vision, qui ont choisi de nous soutenir dans cette démarche.

C’est ainsi qu’a vu le jour le prix BJKD, qui offre un soutien financier et technique aux jeunes entrepreneurs, avec des montants significatifs, car il en existe peu de cette envergure. La 7e édition de ce prix a d’ailleurs eu lieu le samedi 21 septembre dernier. Nous intervenons également dans le secteur informel, en répondant aux sollicitations de jeunes porteurs de projets innovants, dont les activités correspondent aux profils que nous recherchons.

En résumé, nous participons activement au développement et à l’accompagnement de cette jeunesse, contribuant ainsi au développement de notre pays. Jusqu’à présent, nous avons soutenu 34 entrepreneurs avec 274 millions de francs CFA distribués, et ce, au-delà des frontières de la Côte d’Ivoire.

En quoi la promotion de la culture et des traditions africaines est-elle essentielle dans l’autonomisation des jeunes, et quels projets la Fondation BJKD soutient-elle dans ce domaine ?

La culture est la base de tout, et la transmettre à notre jeunesse, c’est lui offrir l’essence même de notre existence. Nous devons valoriser cette culture et la porter haut. En parlant d’autonomisation, cela peut d’ailleurs commencer par nos traditions. Si nos jeunes sont imprégnés de valeurs culturelles dès leur jeune âge, ils deviendront des citoyens plus consciencieux et respectueux dans leur environnement de travail.

Tout cela débute par la valorisation de notre culture, à travers les activités de ceux qui la perpétuent déjà, comme les tisserands et bien d’autres artisans présents dans nos régions. C’est précisément ce que la Fondation s’efforce de faire en soutenant les artistes et en nous faisant connaître à travers le monde, notamment par le biais de vernissages organisés un peu partout. Nous mettons également en lumière le travail de nos agriculteurs et artisans.

Nous avons, par exemple, accompagné AKWABA Cultures, une organisation qui fait la promotion de certains de nos écrivains. Cela démontre que nous restons constamment tournés vers nos racines et nos traditions, afin de permettre à nos jeunes de mieux valoriser notre culture.

En résumé, la Fondation promeut la culture et l’art dans plusieurs secteurs. De la même manière que nous soutenons l’entrepreneuriat, nous offrons à ceux qui ont des projets innovants, qu’ils soient dans l’électronique, le digital ou l’agriculture, l’opportunité de s’exprimer et de réussir.

Comment la Fondation BJKD et d’autres institutions peuvent-elles renforcer la collaboration régionale pour maximiser l’impact de leurs initiatives sur les jeunes en Afrique ?

Nous ne nous sommes pas limités à rester dans notre zone de confort, ici en Côte d’Ivoire, mais nous avons choisi de nous aventurer au-delà de nos frontières. Il arrive parfois que certains de nos partenaires financiers nous reprochent d’avoir élargi notre champ d’action à d’autres pays, alors qu’ils nous soutiennent. Toutefois, selon la vision de la fondatrice, dont le père a implanté des entreprises dans plusieurs pays, il était naturel que cette entreprise à capitaux ivoiriens s’étende et ait des représentants dans ces nations. En agissant ainsi, nous rendons, en quelque sorte, la pareille pour ce qu’ils ont pu nous apporter.

Cela se manifeste notamment à travers le prix BJKD, qui soutient des entrepreneurs dans 16 pays africains. Nous avons mis en place une plateforme où tous ces entrepreneurs sont inscrits et peuvent échanger et partager leurs expériences. De notre côté, nous organisons des séminaires, des formations et d’autres initiatives pour les accompagner.

À l’avenir, les entrepreneurs soutenus par BJKD, ainsi que ceux participant au prix, auront plus de facilité à s’implanter dans ces différents pays, car des bases auront déjà été établies. Pour ma part, je pense qu’avec davantage d’efforts et d’actions, nous aurons la chance de créer des plateformes d’échanges pour ces institutions, afin de soutenir les entrepreneurs sur tout le continent.

Quelles sont, selon vous, les priorités à venir pour les institutions africaines, y compris la Fondation BJKD, dans les cinq prochaines années pour l’autonomisation des jeunes ?

Les priorités doivent être multiples, mais la plus importante reste l’accompagnement des jeunes entrepreneurs, car ils représentent la relève de demain. Il est essentiel de les encourager à entreprendre pour relever le défi du sous-développement en leur fournissant les moyens nécessaires à l’industrialisation. Aujourd’hui, par exemple, nous disposons de ressources comme le café et le cacao, mais elles ne sont pas transformées sur place. Il faut donc que cette volonté de transformation vienne de toutes les parties prenantes, en créant les conditions favorables à l’industrialisation de nos ressources.

C’est de cette manière que nous pourrons créer des emplois et occuper la jeunesse, la détournant ainsi des vices et des facilités auxquels elle est exposée. C’est ce qui doit être la priorité principale de toute institution, et la Fondation s’y attelle déjà, même si cela se fait encore à petite échelle. En effet, nous sommes une organisation de taille modeste, mais notre priorité est claire : investir dans la jeunesse pour leur offrir un avenir meilleur.

Quel message souhaiteriez-vous adresser aux jeunes Africains, en lien avec l’importance de l’autonomisation, de la santé et du bien-être, dans le contexte d’Octobre Rose ?

Il faut croire en ses rêves. Lorsque l’on a un rêve et que l’on y croit profondément, il n’y a aucune raison d’abandonner. On peut trébucher parfois, mais l’essentiel est de toujours se relever et de continuer avec détermination. Il est important de chercher les moyens d’avancer en effectuant de petits travaux, en se formant et en saisissant les opportunités, tout cela avec persévérance. C’est là que réside souvent le problème de la jeunesse : elle commence à entreprendre et veut aussitôt accéder aux plaisirs. Mais cela ne fonctionne pas ainsi. Les grands entrepreneurs d’aujourd’hui, ceux qui ont bâti des empires, vous diront qu’il faut vraiment se battre, être conscient, avoir des valeurs et espérer devenir un jour aussi grand que Diagou, pourquoi pas.

Dans le cadre d’Octobre Rose, le message que je souhaite partager est celui de l’importance du dépistage et du suivi par des experts. Nous sommes tous conscients des nombreux cas de cancer du sein autour de nous. Toutefois, même en cas de maladie, avec un traitement approprié et une hygiène de vie rigoureuse, on peut guérir et continuer à avancer. Pour le reste, Dieu s’en charge. Merci Olga Marie Flore DJADJI de mettre en lumière le rôle fondamental des institutions dans l’autonomisation des jeunes Africains. À travers l’exemple concret de la Fondation BJKD, il est évident que des initiatives soutenues, à la fois financières et techniques, sont indispensables pour permettre à cette génération de réaliser son potentiel entrepreneurial et contribuer au développement de l’Afrique. L’avenir réside dans la création d’opportunités, dans l’éducation de qualité et dans la valorisation de nos traditions. Avec une approche holistique, englobant à la fois la santé, l’emploi, et la culture, la Fondation BJKD trace la voie pour une jeunesse plus résiliente et autonome. Les défis sont nombreux, mais avec la conviction que « tout rêve est réalisable avec du soutien et de la persévérance », la fondation continue de transformer les espoirs en réalités concrètes. et une hygiène de vie rigoureuse, on peut guérir et continuer à avancer. Pour le reste, Dieu s’en charge.

Merci Olga Marie Flore DJADJI de mettre en lumière le rôle fondamental des institutions dans l’autonomisation des jeunes Africains. À travers l’exemple concret de la Fondation BJKD, il est évident que des initiatives soutenues, à la fois financières et techniques, sont indispensables pour permettre à cette génération de réaliser son potentiel entrepreneurial et contribuer au développement de l’Afrique. L’avenir réside dans la création d’opportunités, dans l’éducation de qualité et dans la valorisation de nos traditions. Avec une approche holistique, englobant à la fois la santé, l’emploi, et la culture, la Fondation BJKD trace la voie pour une jeunesse plus résiliente et autonome. Les défis sont nombreux, mais avec la conviction que « tout rêve est réalisable avec du soutien et de la persévérance », la fondation continue de transformer les espoirs en réalités concrètes.

Leave a Comment

Start typing and press Enter to search