ASSALE TIEMOKO: AGIR POUR LA JEUNESSE IVOIRIENNE
« Notre jeunesse est à la rue »

En Côte d’Ivoire, comme dans de nombreux pays africains, la jeunesse représente une part importante de la population, mais elle fait également face à des défis considérables : chômage élevé, accès limité à des formations adaptées, et manque d’opportunités pour exprimer pleinement son potentiel. Dans ce contexte, la question se pose : comment les personnalités politiques, à travers leurs actions et initiatives, peuvent elles jouer un rôle décisif pour impulser l’autonomisation des jeunes ?
Nous recevons pour ce 14e numéro, l’honorable ASSALE TIEMOKO, Député-Maire de Tiassalé et Président de mouvement Aujourd’hui et Demain, La Côte d’Ivoire (ADCI). Il est une figure clé du débat public. Son engagement en faveur des citoyens ivoiriens et son leadership le placent au cœur de cette problématique essentielle. À travers cette interview exclusive, nous souhaitons explorer ses idées, ses initiatives, et sa vision sur ce sujet crucial. Dans l’espoir de mettre en lumière des solutions concrètes pour la jeunesse ivoirienne, Nous avons préparé une série de questions pour aborder cet enjeu majeur.
Merci d’être avec nous aujourd’hui.
En deux phrases, qui est ASSALE Tiémoko et Quelles valeurs fondamentales guident vos décisions en tant que leader politique ?
Assalé Tiémoko est tout simplement un citoyen ivoirien qui a tout compris après avoir passé 10 ans à enquêter sur la gouvernance publique dans son pays et qui a décidé de s’engager en politique pour servir la cause du peuple. Les valeurs qui guident mon engagement et mes décisions en tant qu’acteur politique sont l’intégrité, l’amour du travail au bénéfice de la communauté et l’amour pour le peuple qui a fait de moi l’élu que je suis.
Quelle définition donneriez-vous de l’autonomisation des jeunes dans un contexte comme celui de la Côte d’Ivoire ?
Le constat d’abord est que notre jeunesse est à la rue, complètement perdue devant l’absence de modèles, très peu formée, informée et manipulée en plus par une classe politique qui en fait une arme de conquête du pouvoir. Ensuite, en tirant les conséquences de ce constat, l’autonomisation des jeunes ne peut renvoyer dans le contexte qui est le nôtre qu’à une prise de conscience de la classe dirigeante sur la nécessité d’aider les jeunes du pays, qu’ils soient dans le milieu rural ou urbain, à acquérir des compétences et des connaissances essentielles de nature à leur permettre de comprendre les enjeux et à prendre en main, leur propre vie.
Selon vous, quels sont les principaux freins à l’autonomisation des jeunes dans les régions rurales et urbaines ?
Que ce soient dans les régions rurales et urbaines, les jeunes ivoiriens vivent quasiment les mêmes réalités. Les obstacles à leur autonomisation se déclinent en un accès limité à l’éducation, un manque criard d’opportunités de formations qualifiantes et d’emplois, les inégalités sociales qui se renforcent d’années en années et les mauvaises influences devant l’absence de modèles qui puissent les tirer vers le haut. Que ce soit en zone urbaine ou rurale, notre jeunesse est à la rue, se nourrissant de fausses informations et s’abimant dans les vices de toutes natures.
En tant que président de Maire de Tiassalé, pouvez-vous partager avec nous des initiatives spécifiques que vous avez mises en œuvre pour encourager l’autonomisation des jeunes ?
Pour moi, les meilleures armes qu’on puisse donner à la jeunesse pour s’en sortir, ce ne sont pas les fausses initiatives sans lendemain, mais l’investissement dans sa formation et son éducation. A Tiassalé, en tant que maire, mes initiatives sont liées à ces deux valeurs. En traduction dans les faits, grâce à un lobbying gagnant, j’ai obtenu pour les jeunes de Tiassalé, la construction d’un établissement professionnel et technique qui va former les jeunes dans les disciplines de génie civil, d’électrotechnique et d’agronomie. C’est le meilleur héritage que je puisse laisser à cette jeunesse en tant que maire. Et non la distribution de sommes de 100 mille ou 200 mille qui ne peuvent leur servir à long terme pour s’en sortir. Au-delà, je participe directement à l’éducation en général de la jeunesse de Tiassalé et à son éducation en citoyenneté de façon particulière. Cela se traduit dans les faits par une formation que je leur donne moi-même depuis 2016 pendant six heures par semaine. Formation à la citoyenneté, formation à l’engagement au bénéfice de la communauté, formation à la compréhension des enjeux et défis liés à la gouvernance publique dans leur pays, etc.
À quel point ce programme se distingue-t-il des autres initiatives de soutien aux startups en Côte d’Ivoire, notamment en termes d’accès au financement et d’accompagnement ?
La politique de l’emploi des jeunes, relève dans notre pays, du pouvoir central à travers le ministre de la jeunesse, de l’emploi jeunes et du service civique. C’est à l’Etat central qu’il revient la définition des modalités de financement et d’accompagnement des initiatives des jeunes en termes de création de startups. Les collectivités ne sont pas associées à ces mécanismes quand bien même à travers les transferts de compétences, elles ont en responsabilité aussi la formation et l’accompagnement des jeunes, mais la loi et la modicité de leurs ressources financières les limitent dans leurs initiatives en termes de financement et d’accompagnement. Les initiatives que je prends au niveau de Tiassalé sont donc inédites et se distinguent clairement de ce que fait l’Etat central.
Un engagement concret pour l’autonomisation des jeunes

Quel rôle doivent jouer les personnalités politiques dans l’élaboration de politiques publiques en faveur des jeunes ?
C’est l’Etat central qui élabore les politiques en faveur des jeunes, c’est lui qui détient le budget pour agir dans ce sens. Par conséquent, c’est aux dirigeants centraux que revient cette responsabilité puisque les collectivités n’ont pas les ressources pour mettre en œuvre ce genre d’initiatives. Au-delà cependant, les personnalités politique doivent, par leurs démarches, leurs prises de positions publiques, leur engagement citoyen, être des modèles pour la jeunesse en termes de contribution à leur éducation à la citoyenneté et au respect des valeurs de la république.
Pensez-vous que les jeunes sont suffisamment impliqués dans la gouvernance locale ?
Non, les jeunes ne sont pas suffisamment impliqués dans la gouvernance locale. D’abord parce qu’ils n’ont pas suffisamment de formation à la citoyenneté et par conséquent, ils ne comprennent pas les enjeux. Ensuite parce que les élus locaux globalement, ne jugent pas nécessaire d’associer la jeunesse à la gouvernance locale. A titre personnel et à Tiassalé, à travers l’implémentation du principe du budget participatif, les jeunes de la commune sont impliqués dans la gouvernance de leur commune parce qu’ils sont associés à l’élaboration du budget communal et aux choix des projets à réaliser d’une année à une autre. Au-delà, j’ai créé un cadre d’échanges directs entre les populations de la commune en général et les jeunes en particulier à travers ce que nous appelons « les journées de redevabilité » qui se tiennent tous les six mois et au cours desquelles, le maire que je suis rend publiquement compte de sa gouvernance et permet aux populations, pendant trois à quatre heures, d’évaluer cette gouvernance et de poser des questions directes sans protocole. De mon point de vue, c’est de cette manière qu’on peut intéresser les jeunes aux questions de gouvernance locale.
Quelles sont vos attentes envers les jeunes eux-mêmes pour qu’ils tirent pleinement parti des opportunités mises à leur disposition ?
Simplement qu’ils comprennent que les opportunités dans notre pays sont plutôt rares et qu’ils doivent profiter des moindres qui se présentent à eux. Qu’ils acceptent de se former et de comprendre qu’ils sont les maitres de leur propre destin, qu’ils comprennent que la seule chose qui tombe du ciel et que tout le monde connait, c’est la pluie. Par conséquent, rien ne leur sera offert sans travail et sans qu’ils se battent.
Quel message souhaitez vous adresser aux jeunes de Côte d’Ivoire, et plus largement, à tous nos lecteurs ?
Que les jeunes s’aiment eux-mêmes, qu’ils aiment leur pays, qu’ils aiment le travail et quittent le monde de la facilité, parce que seuls la formation et le travail leur ouvriront toutes les portes. A vos lecteurs, je souhaite une bonne année 2025 et je les exhorte également à aimer le travail et leur pays.
